J’ai raté mon confinement !
Le temps s’est comme arrêté… et moi je suis là.
Autour de moi, beaucoup de témoignages et d’informations en tout genre qui me submergent un peu.
Chacun a sa propre façon de vivre cette période. Et il y a cette litanie des confinements « réussis » :
- Certains soignent, travaillent, nettoient, nous permettent de nous nourrir, de vivre. Ce sont nos nouveaux « héros ».
- Certains sont confinés nombreux, avec des enfants, dans des petits appartements et apprennent à vivre ensemble quelque chose d’extraordinaire. Ils racontent leurs difficultés mais aussi leur façon d’être ensemble, une certaine joie simple retrouvée… (les familles de blonds quoi !)
- Certains retrouvent une vie de couple, de longues journées ensemble, parfois très longues… avec la possibilité d’approfondir la connaissance de l’autre.
- Certains traversent cette période avec le merveilleux moyen de défense qu’est l’humour et ils enchantent les réseaux sociaux.
- Certains redécouvrent la prière, la méditation, une certaine introspection, je pense notamment à tous les pratiquants privés d’offices, de lieux de culte…
- Certains donnent leur vie, leur respirateur…
- Certains nouent et renouent des relations avec des personnes seules et isolées en prenant de leurs nouvelles.
- Certains réussissent tellement bien à faire travailler leurs enfants qu’ils vont, à n’en pas douter, obtenir les palmes académiques !
Et moi, j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose… rien d’héroïque à déclarer !
Je n’ai pas de métier qui me permette de servir.
J’ai la chance d’avoir un jardin.
Je suis incapable de faire travailler mes enfants sans drame.
J’ai du mal à comprendre les réactions de mon conjoint, de mes proches.
Je suis en rase campagne, alors je ne ressens pas cette communion qu’on nous montre au journal TV de 20 h avec les soignants, ou en mettant une bougie à ma fenêtre à l’appel du pape François.
Je peine, je m’ennuie, les journées sont interminables…
Je ne fais rien d’extraordinaire pendant cette période extraordinaire, j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose…
J’ai finalement l’impression que ça ne va rien changer à ma vie ; et pourtant j’ai envie que quelque chose change. Mais quoi ?
Mais mon geste héroïque, c’est peut-être ça : consentir à la simplicité de ma vie ; traverser ce moment où le temps semble suspendu, là où je me trouve, avec mes faiblesses et mes richesses. Être présent, ici et maintenant avec ceux avec qui je vis, avec ceux avec qui je parle sans chercher l’exceptionnel, sans mettre la barre trop haute, sans avoir trop d’attentes. Redécouvrir les joies simples de ma vie, sans courir, sans consommer de superflu, sans cette pression du culte de la performance qui pousse le bouchon jusqu’à l’injonction de « réussir son confinement »…
Bref, la vie, la vraie ! (mais sans Auchan bien sûr !)
Perrine de Prémare. Conseil conjugal et familial.
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